Chapitre 3

  Quelques jours plus tard, ce fût cette fois-ci Fabien qui me donna une lettre de ma mère.
 

  -Je dois partir, déclarai-je.
  Immédiatement, Italo, Jenny, Logan et Fabian me demandèrent d'une voix plus qu'inquiète :
  -Où ça ?
  -Aller voir mon oncle, le frère de maman.
  Les trois adultes se regardèrent alors ; ils avaient compris de quoi je voulais parler. En revanche les quatre ne savaient absolument pas de quoi on parlait.
  -Dans ce cas, dit Jenny. Il va falloir que je t'emmène dans un endroit assez spécifique. Tu es sûre d'avoir un moral d'acier ? Parce que ce que tu vas voir là-bas n'est chouette du tout.
  -Oui je suis sûre, mais pourquoi ? Où est-il ?
  Elle soupira, s'assit, nous demanda de nous assoir et dit d'une voix grave :
  -Votre oncle à tous, se trouve dans l'asile psychiatrique le plus sécurisé de tout l'Emilie Romagne. Je pense que ta mère t'a demandé de découvrir pourquoi il est là-bas ?
  -Oui, c'est exacte.
  -Bien. Alors nous partons la semaine prochaine.
  -D'accord.

*
* *

  Cela faisait à présent vingt jours que j'étais dans la famille. Nous partagions beaucoup de moment ensemble, surtout vu les beaux jours et la chaleur qui arrivèrent. Nous étions le 2 avril à présent, et le soleil tapait tellement fort que chaque après-midi nous faisions la sieste. Les uns pour tuer le temps, les autres par assommement de la chaleur. Cependant, de temps en temps, nous rapatrions les ventilateurs des chambres des enfants dans la chambres de Logan, Fabien ramenait également le sien, tous les enfants dormait dans le lit double en hauteur de Logan, et les deux garçons, tandis que je dormais sur leurs genoux, jouait à leur console. De temps en temps, eux aussi finissait par s'endormir assis et c'était les parents des garçons qui venaient doucement nous réveiller.
  Un soir, nous étions encore une fois sur le toit avec Logan. C'était devenu notre QG, notre endroit préféré et également l'endroit où l'on pouvait se retrouver seul après une engueulade avec quelqu'un dans la maison. Nous pouvions tout fuir à cet endroit. A un moment, il me demanda :
  -Au fait, c'est quoi ta musique préférée ?
  -J'en ai deux, une douce et une joyeuse, mais je pense que ça ne va pas te plaire !!
  -Dit toujours.
  -C'est des One Direction.
  -Ah !!! Les fameux cinq beaux gosses !!
  -Eh oui.
  -Mais tu sais, quoi, j'ai quand même envie d'écouter.
  Je sortis alors le portable de ma poche, le déverrouillai et mis « Truly, Maddly, Deeply ». Il écouta attentivement en regardant le trottoir une quinzaine d'étages plus bas, tandis que je regardai à moitié dans le vide et à moitié le coucher du soleil. Puis, tout à coup, il me prit la main, me regarda droit dans les yeux et me dit :
  -Tu sais, mes sentiments ne sont jamais partis. Au contraire, ils se sont intensifiés !!
  Je pris mon courage à deux mains et d'une voix légèrement tremblante je lui répondis :
  -Tu sais, les miens aussi se sont fortifiés pendant toutes ses années. Je n'ai jamais cessé de penser à toi une seule seconde depuis qu'on ne c'était plus vu, et j'attendais avec impatience le moment où on allait enfin se retrouver.
  Il se pencha sur moi et m'embrassa. Ses lèvres étaient d'une douceur incroyable, tout autant que ses gestes à mon égard. Il mit sa main dans ma nuque et en profita pour me caresser les cheveux. Sa peau était extrêmement chaude et extrêmement douce. Quand notre premier baiser prit fin, il me dit :
  -Depuis le temps que j'attendais ça... Presque quinze ans !!!
  -Tu m'aime depuis combien de temps ?
  -Depuis qu'on est en âge d'aimer, c'est-à-dire à peu près depuis que j'ai deux ans.
  Je restai bouche-bée. Il me retourna la question.
  -Depuis que j'ai un peu plus de quatre ans.
  Cela faisait donc très longtemps que nous étions amoureux l'un de l'autre. C'est sûr qu'au départ c'était de l'amour comme quand on est petit, où l'on demande à une fille si elle veut être notre amoureuse mais je pense que les réels sentiments comme on a quand on est adulte sont venus lorsque nous nous sommes revu il y a vingt jours de cela.
 Je réfléchis quelques secondes, puis une chose me passa par la tête. Nous étions cousins germains, nous avions donc le droit d'être ensemble et même de nous marier (même si c'est fortement déconseillé à cause de la consanguinité qui provoque beaucoup de malformation et de maladie mentale), mais nous avions parfaitement le droit. Enfin, juridiquement parlant, car je ne pense pas que notre famille va si bien l'accepter que ça. Au même moment où je pensais ça, alors nous nous tenions la main en regardant l'horizon, il me demanda :
  -Au fait, comment on va le dire à la famille ?
  -Tu sais, ma mère l'avait déjà compris quand j'étais petite, alors je pense qu'Italo et Jenny l'ont aussi compris, e pense même que Fabian lui aussi.
  -Effectivement. C'est lui qui m'a donné la force de te le dire. T c'est lui qui m'a dit d'aller ici pour te le dire.
  -Digne d'une scène de film !!
  -Comme tu le dis. Comme quoi, des fois ça arrive quand même dans la réalité.
  Je le regardai dans les yeux. Le coucher de soleil rendait le bleu encore plus flash que d'habitude, ainsi que translucide mais donnait également un petit fond de jaune orangé qui était magnifique. Puis je m'attardai sur sa bouche. Même si nous étions cousin, nous n'avions pas du tout la même. J'avais les lèvres assez épaisses de mon père, tandis qu'il avait les fines lèvres du siens. En revanche, nous avions les mêmes pommettes saillantes et la même mâchoire carré et marquée. Vivant en Italie, il avait bien sûr la peau beaucoup plus bronzée que la mienne, mais ces derniers jours, passant la plus clair de mon temps dehors ou près de la fenêtre, j'avais déjà pris des couleurs.
  Quand nous rentrâmes enfin, nous décidâmes de le dire à la famille à notre manière : nous rentrâmes dans la maison main dans la main. Quand tout le monde vit ça, ils sourirent tous, car autant les petits que les grands, ils avaient déjà tous compris que nous nous aimions.

*
* *

  La semaine suivante arrivée, nous allâmes donc dans l'asile où était interné mon oncle. Je demandai à lui parlé.
  Quand j'arrivai dans la grande pièce blanche, je le plaignais déjà. Mais il était dans le secteur des dépressifs à crises d'angoisses. Je devais donc faire doucement avec lui et à la moindre crise d'angoisse m'enfuir.
  -Bonjour June, me dit-il avec un petit sourire délicat et gêné.
  -Bonjour Marko !
  Je lui fis la bise.
  -Cela faisait tellement longtemps que je ne t'ai pas vu, tu es devenue tellement belle !!
  -Depuis que je suis venue, tout le monde me le dit.
  -C'est que ça doit être vrai alors !! Enfin bref, pourquoi es-tu venue me voir ? Je ne pense pas que ce ne soit qu'une simple visite de courtoisie.
  -Effectivement. Maman est morte il y a donc bientôt six ans.
  -Déjà...
  -Eh oui ! Et entre temps, personne ne m'a jamais dit que tu étais ici. Sauf elle, dans une lettre. En fait, chaque semaine à peu près, quelqu'un me remet une lettre où elle me dit d'aller voir telle ou telle personne pour découvrir certaine vérité. Et elle me demande de te demander pourquoi tu es ici.
  Il parût gêné tout à coup, mais répondit quand même :
  -Et bien, tu sais donc que j'étais neurochirurgien ?
  -Oui.
  -En réalité, un jour, j'avais pas mal bu et...
  Il commença à transpirer et ses pupilles se fermèrent.
  -Eh tonton !! Doucement, doucement. Regarde-moi dans les yeux.
  Il me regarda avec un air de lapin paniqué pris dans les phares d'une voiture.
  -Donc, tu avais bu et tu avais une opération après c'est ça ?
  Je parlais très doucement, comme une mère à son enfant pour ne pas lui faire peur ou lui rappeler de trop mauvais souvenirs.
  -Oui... Et j'ai fait une erreur... Une erreur tellement énorme sur un nerf que ça a touché des parties essentielles et irréparable du cerveau. J'avais d'une gamine de douze ans un légume.
  Je vis qu'une crise de panique le prit. Il se leva brusquement, se plaqua contre le mur et commença à trembler. N'écoutant pas les avertissements des médecins, j'allai vers lui.
  -Calme-toi Marko, doucement, c'est rien. C'est le passé, tu ne peux rien y faire. Viens vers moi.
  Je lui tendis une main. Au début, il la regarda avec un regard de peur panique mais après, il la prit tout délicatement. Je la lui serrai affectueusement en m'approchant de lui. Il fit de même et je le pris dans mes bras. Au bout de quelques secondes, la crise de panique était passée et il se rassit sur son lit.
  -Les parents ont été dévasté, leur fille unique qu'ils aimaient tellement était condamnée soit à la mort, soit à rester à vie dans un lit branchée à toutes sortes de machine. Mais au lieu de ça pour elle ils préférèrent débrancher.
  Il éclata en sanglot. Je devinai dès lors qu'il supportait tellement mal d'avoir tué cette gamine qu'il avait atterri ici. En plus, lui aussi père d'une fille unique, il pouvait comprendre, ou au moins essayer, la souffrance des parents de la petite.
  J'allai m'assoir à côté de lui, passa mon bras sur son épaule et le serrai contre moi.
  -Allez tonton, ça devait arriver !! Dis-toi que son état aurait peut-être empiré après l'opération, ce qui est pire. Ou qu'elle aurait subi un enfer !! Par exemple, elle aurait sans doute pu sortir en boîte, et imagine elle se serait fait violée, les clichés auraient tournés sur la toile et pendant deux ans elle aurait sans doute vécu le pire cauchemar de toute sa vie avant de se suicider !! Moi je dis que rien n'est fait au hasard et que chaque chose faite par n'importe qui que ce soit est quelque chose de bénéfique un jour ou l'autre, ne serait-ce que pour tirer une leçon de la chose.
  Il arrêta alors de pleurer.
  -Tu crois ?
  -J'en suis sûre !!  Oui, tu es dévasté parce que tu penses avoir tué une fillette, mais tu lui as peut-être épargné une mort et/ou une fin de vie horrible !!
  Il sécha ses larmes.
  -Merci June.
  -De rien, c'est normal.
  -Bon allez, dit un médecin qui entra dans la salle. Les heures de visite sont finies.
  -D'accord, lui répondis-je. Allez, salut Marko !! J'espère te revoir bientôt hors de cet hôpital.
  -Au revoir June, je l'espère tout autant que toi !!
  Il m'embrassa sur la joue, je fis de même et je sortis. Une fois dehors, deux autres médecins m'attendait.
  -Vous êtes incroyable mademoiselle.
  -Je suis juste du même sang que lui. C'est le frère jumeau de ma mère, je le connais comme mon frère jumeau à moi. C'est tout.
  Je leur avais répondu sur un ton des plus froids avant de partir, car je méprisais les médecins de centre psychiatrique. Ils n'étaient pour moi que des êtres qui se croyaient supérieur en méprisant les patients comme si c'était des vulgaires animaux. En revanche, je respectais les infirmières et infirmiers. C'était eux les vrais « héros », c'était eux qui devaient supporter les patients aux quotidiens, dans les moments calme comme dans les crises de panique ou de délires, c'était qui devaient se taper tout le sale boulot.
  Quand je retournai dans la voiture, tout le monde s'inquiéta de mon état.
  -Ne vous inquiétez pas, je vais très bien. J'ai réussi à calmer Marko, chose que personne n'arrivais à faire !!
  -La meilleure, dirent Fabian et Logan.

*
* *

  Je marchai, seule dans la rue. Je revenais de l'épicier, où je m'étais acheter une tablette de chocolat, que j'avais au passage déjà mangé. Je passai par une petite ruelle, et je remarquai un homme qui passait à côté de moi. Puis une femme apparut au tournant de la rue et me bloqua. L'homme me mit alors la main devant la bouche. La panique me gagna en moins d'une seconde. J'essayai de me débattre mais c'était impossible.
  -Calme-toi, me dit l'homme. On ne va pas te faire de mal. Enfin pas moi.
  Je le regardai dans les yeux et réussi à identifier la mâchoire et les lèvres typique de ma famille. Quand je le regardai dans les yeux, je compris immédiatement que je m'étais attiré des ennuis à force de fouiller dans le passé des membres de ma famille, et que ces gens-là se sentaient en danger.